Portrait de Stratos : Xavier Berlioux [Promo 1997]

"J’ai soif de nouvelles cultures et de nouvelles découvertes, ...,
 la recherche de l’inattendu m’attire, ..."

Xavier Berlioux – Stratos 1997

Je ne me souviens pas exactement de mon année de diplôme. Etait-ce en "97 ou 98", Cela n'a plus vraiment d'importance aujourd'hui. Mais mes souvenirs restent intactes.
En dernière année. mon projet de diplôme portait sur le réveil du matin, Toujours le moment critique après une courte nuit de charette, me direz-vous (sourire), ... Ce diplôme était en lien direct avec les cycles de sommeil. C'était il y a fort longtemps, donc !
D'ailleurs, je peux dire que lors de l’arrivée de l’ère des smartphones, dix années plus tard, vers 2007-2008 environ, j’ai pris conscience de la robustesse de cette idée. Oui, oui, j’aurais dû creuser et mâturer, tellement cette idée était bonne. Prenez en note, vous aussi, pour votre projet ;)
En 2007, donc, je me la suis senti dérobée. Vous savez comme moi, que sur les smartphones désormais, les applications proposent un réveil tout en douceur accordé sur les cycles, … ahrhfh !! Absorbé par le travail et la vie, je n’ai pas trouvé le temps ni l’énergie de me lancer. Cela ferait-il écho avec l'une de vos idées et projets, ...Prenez en bonne note et mettez-vous au travail. Dès maintenant \o/

J’ai débuté ma carrière dans l'agence de design Utrema en 1997. Nous développement du design graphique et identité globale.

Par la suite, j'ai été designer intégré. J'’ai débuté ma carrière de designer produit chez Lafuma dans la Drôme jusqu'en mai 2001. À la suite d’une réorganisation interne du groupe Lafuma, mes fonctions professionnelles m’ont amené à migrer sur Hong-Kong, en Asie. J'ai passé 11 années chez Lafuma avant de développer mon activité de free-lance en 2009.

Chez Lafuma, j’avais une double casquette. Une première, celle de designer de chaussures de sport et de sac à dos. Une seconde, celle de développement de produits. En tant que designer, j’avais à designer les collections (2 par an – Printemps-été / Automne-hiver). Ce design portait sur différentes marques du groupe Lafuma. Notre savoir-faire et expertise dans le domaine du sac à dos nous permettait de répondre à différents cahiers des charges pour des design de produits de la grande distribution, comme pour des marques de sport telles que Reebok ou Rossignol, … Le second domaine de mon savoir-faire de designer m’ont amené à dessiner des chaussures de sport, des chaussons d'escalade, des sacs pour des marques telles que Millet ou Pamir, une sous-marque du groupe. 

Une fois migré surHong-Kong en 2001, ma fonction de designer a évolué. D’une part, je m'occupais du suivi de la production réalisées en Chine, du suivi du design des collections sport réalisées depuis le siège basé en France. Par ailleurs, j'était en charge de la détection ou de la définition des besoins du marché en France et sur les marchés mondiaux.

« Ma vie en rayon » du point de « vue » du produit !

 Il me semble important de préciser qu’en magasin, le turn-over des articles dans les rayons est très important. Ainsi, il faut travailler vite et habillement en faisant évoluer le design, la fonctionnalité, l’ergonomie du sac à dos, mais aussi le cycle de développement de produit. Cette connaissance amène à travailler toute la chaine de développement produit. C’est-à-dire, aller vite dans la transformation qui part de l’esquisse initiale du produit, sac ou chaussure, vers le prototype et le prêt à fabriquer par l'usine présente localement (dans le pays). 

En Asie, l’avantage est la proximité de l’usine de production. Avec les matières en main, la réalisation d’un prototype devient presque immédiate. On fait rapidement vivre le produit avec son utilisateur / utilisatrice dans son besoin d’usage et son contexte.

En Juin 2009, la direction Lafuma opère à un grand changement de sa vision où le design doit revenir au siège dans la Drôme. Après quelques tergiversations, je réalise que ma vie se passe en Asie. Certes, je voyage vers l'Europe régulièrement, mais je décide de quitter Lafuma pour me

 A la question, si cela était à refaire. Je le referai sans hésiter ? J’ai soif de nouvelles cultures et de nouvelles découvertes. J’ai profondément la France, mais la recherche de l’inattendu m’attire. Je vis en Asie et j'y suis à mon aise.

En tant que designer à mon compte, mes activités sont toujours les mêmes. Je dessine des produits de sport « outdoor » pour différents clients basés en Asie et en Europe. Il s’agit de designer des produits et d’assurer leur suivi en développement produit depuis la prémaquette, le prototype d’usage vers la pré-industrialisation.

En 2012, la marque belge de sac à dos « Edgreen » m’a proposé la direction de leur département innovation. Il s’agissait d’avoir une réflexion très en amont des produits. Suite à différentes réorganisation interne, cette activité n’aura duré que quelques mois. C'était une belle aventure humaine et créative  \o/

Strate Alumni : Ton bilan des ces expériences

Xavier Berlioux : Je suis heureux de dire que cette dernière expérience m’aura enrichi et ramené vers mon activité de designer indépendant. Aujourd’hui, je travaille pour différents clients présents dans le monde entier, dont quelques-uns sont de longue date. Je peux citer, par exemple, un client allemand, Ekselsior, pour qui je dessines des protections dorsales pour les sports de montagne. Je fais aussi des des protections pour la moto, qui sont différents des premières. Ces dorsales "typées montagne" sont en mousse PU, plus légère. Elle laisse aussi plus de liberté dans les mouvements sportifs en montagne. Dans ce même domaine, je travaille pour le français Arva pour qui je développe une gamme de protection, du même type. Je dessine également des chaussures pour le français « Freetime ». Un  groupe chinois me fait développer des articles de sport  a distribution internationale.

S.A. : Comment travailles-tu ? Qu’est ce qui fait le design des produits qui te sont adressés ?

X.B. : Deux choses. A la fois les contraintes liées à l’assemblage et au comportement des matières utilisées pour le produit (ex : un sac, ...). D’autre part, et c’est là, la part la plus menante, à savoir, l’usage du produit au final. Mes clients appartiennent chacun à des marques au positionnement de marché très défini. Chacune a sa stratégie, ses coloris, ses codes pour un marché géographique spécifique. Si un client allemand, suit les avancées des dernières technologies existantes, ses utilisateurs, plus conservateurs, attendent un produit ergonomique et léché, très bien fini. Le rythme de travail avec ce type de client est planifié à l’avance, ...
En parallèle, en réponse à un brief pour un client français (ex : conception d'une protection drsale), le planning de travail est différent. Le développement produit est fait sur une période plus courte avec une fréquence des échanges plus resserrés. C'est-à-dire, juste avant le lancement de la saison, par exemple.
Par ailleurs, ce même client reste plus ouvert à de nouvelles propositions, ... Par exemple, vous découvrirez des nouvelles fonctionnalités présentes sur les sacs et les chaussures de la collection hiver 2021.

S.A. : Réponds-tu à un brief client avec une pâte personnelle ou davantage en correspondance avec l’image de la marque de ton client ? 

X.B. : Ma perception est la suivante : je réponds davantage à un brief pour un sac ou des chaussures de manière pragmatique et fonctionnel. Certes, c'est moi qui dessine et propose une création design, mais je respecte les couleurs et l'identité de la marque de mon client. 

Chaque marque à ses codes et stratégies de positionnement en terme de couleurs, de matières plus ou moins techniques... . Je réponds à cela au mieux. En tant que créatif formé au design, je suis la méthodologie design de ma formation initiale à l’école. L’enveloppe esthétique des produits tient en cela répondant aux critères de mon utilisateur/utilisatrice final/e  en termes de contenance, d'accès aux compartiments d'un sac à dos, par exemple... 

Actuellement très sollicité par mes clients, je voyage beaucoup d'un client à une usine à en Asie (Chine,Hong-Kong, Vietnam, ...). Avant période-Covid, bien sûr. Je ne laisse pas place pour une création plus personnelle.
A poursuivre dans le futur !

S.A. : Si cela était à refaire, repartirais-tu travailler à l’étranger ? 

X.B. : Oui, sans hésiter. Il s’agit d’être ouvert et de regarder tout autour de soi. J’ai le goût du voyage. J’ai les yeux partout tous les jours. En tant que designer, je me dois d’apporter des choses nouvelles dans mes créations, … Mes clients attendent cela !

S.A. : Quel état d'esprit dégages-tu de cette vie en Asie ?

X.B. : Certes, la ville est dense. Certains jours peuvent être plus délicats que d'autres. Je les oublie assez vite. Voilà 8 années que je suis  à Hong-Kong. Je suis basé à Taïwan où j'estime respirer et vivre correctement. J'ai plaisir à revenir en Europe pour mon voyage annuel où le rythme de vie est différent, mais je me plais là où je vis. Le virus de la Covid est dernière nous désormais.

S.A. : Côté stagiaire ou embauche, quelles possibilités ? 

X.B. : Par le passé, il m’est arrivé d’avoir une équipe dans mon studio. Nous étions 3 personnes. Etant très régulièrement en déplacement, je n’y arrivais pas vraiment. Coté charge de travail, j’arrive à répondre aux demandes de mes clients. En cas extrême, il m’arrive de faire appel à mon réseau pour des besoins spécifiques et ponctuels. Ainsi, il y a peu d’opportunité professionnelle en ce moment, mais je reste disposé au partager quelques conseils selon le besoin, … N'hésitez pas à partager vos portfolio, malgré tout.

S.A. : Tes recommandations pour la jeune génération :

X.B. : Un designer se doit de rester toujours très ouvert, de voyager et de se nourrir tous les jours de nouvelles choses, … voyager en bonne santé (vacciné) et cultivez-vous !

S.A. : Quels sont les souvenirs de tes années passées à strate ? 

X.B. : Je n’ai que de très bons souvenirs de l’école. Je dois reconnaître ne pas y avoir remis les pieds depuis le l’année du diplôme en 1997. Ce n'ai que partie remise. J’ai souvenir d’un esprit familial et chaleureux, …

S.A. : Ta vision du design pour la jeune génération ?

X.B. : Une fois encore, restez toujours ouvert vers le vaste monde qui vous entoure. Par ailleurs, dans mon quotidien, une fois arrivé à ma table de travail ou chez mes clients, j'œuvre de différentes manières. D'une part, ma réflexion m'amène à répondre aux usages adéquats. Nous concevons en vue d'une fabrication de la meilleure qualité possible. A votre tour. Restez attentif à chacune des étapes du processus ideation-conception-formalisation.

Plus d'info ici : http://www.bloomorph.com/whatf.php

https://www.facebook.com/Bloomorph-498748710259139/

Suivre l'actualité ici : https://www.linkedin.com/in/xavier-berlioux-192b1311/