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Portrait de Stratos : Alexandre Rousseau [Stratos 2002]

Portrait

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31/12/2018

Designer-entrepreneur "made in France"  engagé dans son terroir en Aveyron

Alexandre est designer entrepreneur dans l'univers de la maroquinerie fait main et 100% réalisé en France.

Il a cofondé il y a près de 10 ans « Bleu de chauffe », un atelier de création de maroquinerie de luxe en France motivé par une volonté personnelle et concrétisé suite à une rencontre réussie avec un associé et un artisan du cuir.

Depuis l'époque du collège, Alexandre est passionné par le design et la conception de produits. A la suite d'un stage de fin d'étude, ilest devenu designer intégré au studio de création chez Lancel à Paris. Cette premier poste lui a donné les clefs du métier de designer en maroquinerie.


Depuis 2009, l’atelier de création et de production est implanté dans l'Aveyron à Saint-Georges de Lusançon près de Millau et de son Viaduc.

Quotidiennement attentif à la traçabilité de sa production journalière, Alexandre est également conscient des gestes et postures pratiqués à l'atelier. Ici,  pas de TMS remarquées dans les bureaux, ni à l'atelier. Alexandre ne va passer qu'une part infime de son temps sur la phase de création design. L'équipe compte aujourd'hui 17 personnes, dont 13 personnes travaillant partiellement pour l'atelier. Pas une seule journée ne passe sans que chaque élément ne soit examiné avec précision autant à l'atelier que dans l'organisation et la remise en cause biannuelle des processus internes à l'atelier.


Présent en boutique en France depuis les débuts de l'activité, les sacs "Bleu de chauffe" se vendent maintenant à l'international à l'aide d'un agent local. Le site Internet offre à la marque une vitrine ouverte sur le monde, ce qui permet à cet atelier de faire davantage de vente en direct, et aussi de lisser sa production sur l'année. Les portes de cet atelier sont grandes ouvertes au public toute l'année. Alexandre et ses collaborateurs aiment partager leur passion. Ils sont à l'écoute des visiteurs en vue d'améliorer encore et toujours leur offre de service. L'affaire est dans le sac !


Les stagiaires en design et issus d'autres domaines (atelier, prototype, interaction, web, ...) y sont les bienvenus. Certes, le style est la part visible dans le catalogue et sur le site internet "Bleu de chauffe". Mais attendez-vous à un stage où vous ferez de tout. Du travail à la main pour votre stage ouvrier, aux diverses tâches demandés à l'atelier, vous serez sur tous les fronts du matin au soir. La passion, ça se mérite !


Le calendrier des créations est exigent. Il y a 4 collections par an. Il faut donc aller vite pour chacune des phases. La création est assurée par Alexandre pendant qu'il gère également la communication de la collection déjà conçue, testée et validée en prototypage ainsi qu'en vie d'utilisation par le client. L'innovation est l'affaire de tout le monde à l'atelier. La vente en ligne et la distribution en boutique est également un travail quotidien suivi depuis l'atelier.


Bureau de création

 Le style est l'ADN de la marque. Le croquis est la base de la création. Nous intégrons à cela, la connaissance des cuirs et la transformation des matières végétales. Dès le premier trait de crayon, il y a la prise en compte ce que sera le produit final comprenant le coût des matières premières. Ce processus de conception est réalisé en proximité avec l'atelier. La finalisation se fait là. Il y a une maquette de principe et un prototype échelle 1. Il s'agit de rendre le sac réel, utilisable, fonctionnel et durable dans le temps. 


Tous ces éléments vont rendre le produit viable et attractif sur le marché. Alexandre précise que "Faire un produit en adéquation avec le prix de vente a son importance à l'atelier"

En dernier lieu, la phase d'expérimentation du produit donne à celui-ci ce qu'il sera pour le client final.

"Notre Fabrication est 100% faite en France". Cette contrainte est aussi à prendre comme un atout. L'Atelier et la réflexion sont côte-à-côte. "Nous avançons ensemble de manière convergente". Cette approche de travail permet de signer, dater les produits et ainsi offrir une bonne traçabilité dans la production locale. Ici, il n’est seulement questions de produits esthétiques, fonctionnels ou de qualité. L’offre produit ouvre également vers un savoir-faire ancré dans le terroir local de l’Aveyron".


En terme d'innovation :

"L'innovation fait également part de l'ADN de notre atelier. Notre segment de marché est du « workwear ». Issu de l'ancien sac dit "de métier", nous y avons apporté les évolutions que notre clientèle recherche aujourd’hui".

"Notre utilisation de cuirs tannés végétales, nous amène à travailler différents cuirs, tel que le cuir d'acacia, ...". La fonctionnalité est la qualité recherchée par nos utilisateurs. Elle est naissante dans la gamme de nos produits. Une profonde réflexion autour de l'usage nous amène également à travailler au développement de Pochette accessoire. D'ailleurs, un partenariat est né avec Olympus. Il s'agit d'un produit dédié en One-shot que nous apportons à notre gamme"


Le développement du business

Les collections sont masculines depuis le début de l'activité. Les collections féminines ont débutées depuis quelques années. Distribuées désormais dans 110 points de ventes dont "Le Bon marché", chez "Merci" à Paris et "aux Galeries Lafayette", les sacs et accessoires sont également distribués à l'étranger comme aux Etats-Unis chez "Union-Made-SF" par exemple. Le réseau traditionnel avec une présence sur les salons professionnels spécialisés a permis de trouver un agent en France et à l'étranger, mais également de se faire connaitre et d’accroître la notoriété de la marque sur son marché. Le flux généré par les ventes en ligne apporte un lissage à la production à l’atelier et permet aussi un autofinancement pour la pérennité de l'activité.



1) Qu'elle est ta vision du design aujourd'hui ? Et pour les années à venir ?


Les 4 collections à produire par an m'impose la rigueur de la remise en cause très régulière. Il ne s'agit pas de produire que du beau ou de l'usage client. Il s’agit de travailler de manière engagée dans mon paysage rural et sur mon marché français et international. Je souhaite apporter un produit différent qui permet aux client(e)s de devenir un/une "consom-acteur/actrice" dans son quotidien. Je suis attaché à la production 100% "made in France". Pour les années à venir, je souhaite maintenir mon atelier et ma production ici en Aveyron.


2) Que retiens-tu de ton passage à Strate ? Comment l'appliques-tu dans ton travail de tous les jours ?

Strate m'a apporté une ouverture d'esprit et les moyens de mon indépendance créative. Je suis devenu quelqu'un d'autre à la sortie de l’école. Le talent est une chose, mais les heures de travail payent à la fin. Depuis mon plus jeune âge, je suis passionné par la conception de produit. Aujourd'hui, seulement 6% de mon temps est dédié à la création. Mon travail personnel et les années Strate m'ont appris à savoir me partager entre diverses activités telles que le marketing, la stratégie de communication et œuvrer sur diverses études techniques ou artisanales. L'amélioration de condition de travail des équipes à l'atelier m'importe. Par ailleurs, j'ai aimé être membre de jury de diplôme à Strate par le passé.

3) Quels sont tes conseils pour la nouvelle génération ? Quels sont les enjeux du métier selon toi ?

Il n'est jamais évident de prescrire quelque chose à quelqu'un. Les recommandations d'hier resteront-t-elles vraies demain ? Je ne suis plus l'entrepreneur que j'étais hier et serai demain quelqu'un d'autre ...

A l'atelier, nous avançons depuis 2009 avec peu de moyens. Notre vision et notre persévérance nous permet d'être profitables et fidèles à nos convictions avec une production artisanale dans notre terroir Hexagonal.
J'étais  récemment en Asie où j'ai remarqué que les ouvriers(ères) rencontré(e)s sur place étaient amenées à vivre, voire même amené(e)s à dormir sur leur lieu de travail. Je ne veux pas faire subir à l'atelier ce type de conditions de travail extrême !

D'un point de vue éthique, en étendant le débat aux préoccupations de type véganes entendus dernièrement : la matière première de nos sacs est le cuir de vache issue de notre terroir local. Il ne s'agit pas d'autres matières synthétiques qui auraient été importées de l'étranger. Ce cuir est appelé le "3ème quartier de la bête". Ainsi, tant que nous mangerons de la viande, je recyclerais cette peau dans mes produits à usage quotidien.

Liens vidéo utiles :

- Des métiers d'artisans: https://vimeo.com/294533833
- Conscience écologique: https://vimeo.com/299440398
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